12 Monkeys

 

Après 4 saisons, voici un petit retour sur une série qui à mon sens à su s’inspirer du matériau de base pour le sublimer. Et ce, jusqu'à en faire une grande épopée rondement réfléchie et apportant son lot de surprises et de rebondissements sans jamais dévier de la route qu’elle s’était fixée.

 

 

L'inspiration initiale

 

Réalisé en 1995 par Terry Gilliam, « 12 Monkeys » (plus connu sous le nom de « L’armée des douze singes » chez nous) est un film de science-fiction, présentant un futur apocalyptique (2035) où la surface de la terre est devenue inhabitable à cause d’un virus qui a éradiqué la majeure partie de la population mondiale. Des scientifiques décident alors de renvoyer des prisonniers dans le passé en espérant qu’ils trouvent un remède à ce mal. 


On y suit alors James Cole (interprété par Bruce Willis), un être jugé antisocial, qui se retrouve envoyé en 1996 pour investiguer sur la source de ce virus. Dans son périple, il sera renvoyé à tort à différentes époques plus anciennes, en 1990 tout d’abord, où pris pour fou il sera interné. Il rencontrera à ce moment-là la psychiatre Cassandra Railly (interprété par Madeleine Stowe) ainsi qu’un autre détenu Jeffrey Goines (joué par Brad Pitt) qui lui révèlera que son père travaille justement sur les virus. Ramené entre-temps dans le futur (qui est son présent), Cole sera même ramené en pleine première guerre mondiale avant de finalement atterrir en 1996 où il kidnappera le docteur Railly dans le but qu’elle lui indique où se trouve Goines et empêcher la catastrophe à venir.

 

La nouvelle continuité


Ce sont Terry Matalas et Travis Fickett qui créent cette nouvelle version de 2015 pour la chaine américaine Syfy.

 

Cette série reprend le pitch de base, un virus mortel a éradiqué 93.6% de la population, néanmoins dans cette version la terre reste habitable pour les quelques survivants qui était naturellement immunisée au virus. Pour garder un biais temporel cohérent par rapport au film, l’action débute en 2043 où l’on retrouve une équipe de scientifique qui tente d’envoyer des prisonniers en 2013 pour retrouver l’origine de ce virus. Dans leur périple ils découvriront bien vite qu’un groupe qui se fait appeler l’armée des 12 singes désire la diffusion de ce virus.

 

 

James Cole est interprété par Aaron Standford, que l’on a pu voir précédemment dans la série Nikita (2010-2013) ou bien dans les 2 derniers volets de la trilogie X-Men originale où il incarnait le rôle de John Alierdyce (alias Pyro). James n’est pas choisi par hasard pour voyager dans le temps, mais parce qu’un message d’une virologue travaillant sur la recherche d’un vaccin le mentionne comme individu clé. Ce message contient également l’information indiquant que Leland Frost serait le premier point de départ pour ce virus. Dans sa quête, il rencontrera de nombreuses personnes qui auront autant de conséquences sur sa vie que lui sur la leur.


 

 

Dans ce futur désastreux, Cole survit tant bien que mal, en évitant les pillards et autres adversités pour trouver le peu de nourriture restant encore. Mais il peut compter sur son meilleur ami pour l’épauler, José Ramse, incarné par Kirk Acevedo (Ricardo Diaz dans « Arrow »). Frère d’arme de notre héros, il l’a connu en foyer d’accueil et l’a épaulé dans toutes ces mésaventures dès lors, y compris lorsqu’ils ont intégrés un groupe de survivant appelé « West 7 » qu’ils finiront par quitter pour divergence d’opinion. Bien qu’il veuille soutenir son ami il est réticent à l’idée de le renvoyer dans le passé car il ne croit pas vraiment à cette mission qui risquerait d’altérer le présent tel qu’il le connait.

 

 

 


 

 

Le docteur Cassandra Railly (et non plus Katryn dans le film original), interprétée par Amanda Schull, change non seulement de prénom mais également de domaine d’expertise dans cette version. En effet, elle ne travaille plus comme psychiatre dans un institut pour malade mental mais comme médecin au sein du CDC. Ce poste lui vaudra de passer sa vie à la recherche d’un vaccin contre le virus avant de mourir elle-même de la maladie, du moins avant que Cole ne vienne chambouler la ligne temporelle.

 

 


 

 

 

 

Le personnage de Jeffrey Goines, devient Jennifer Goines ici, et est jouée par Emily Hampshire. Hormis ce changement de sexe, son rôle reste assez similaire, Cole la rencontre dans un hôpital psychiatrique où elle révèlera à ce dernier le lien entre le virus et cette armée des 12 singes.

 

 

 

 

 


 

 

Le rôle du docteur Katarina Jones est attribué à Barbara Sukowa. Ce personnage est le même qu’initialement, à savoir une des scientifiques de 2043 qui dirigent les opérations de recherche d’une solution à l’épidémie en renvoyant Cole dans le passé. Cependant, compte tenu de ce nouveau format et permettant d'avoir davantage de passages se déroulant dans le futur, son rôle gagne lui aussi en importance et en détails. On y apprendra notamment que c’est elle et son mari qui ont découvert le procédé de « fragmentation » permettant le voyage dans le temps, et que sa motivation à la modification du passé est plus personnelle qu’elle ne veut le laisser paraitre.

 

 

 


 

 

 

Deacon, incarné par Todd Stashwick, est un personnage purement inventé pour la série. Il est le dirigeant du groupe des « West 7 » dont Cole et Ramse ont fait partie.

 


 

Démarrage de la séquence de fragmentation

 

Cette série est sortie en 2015 à l’époque où plusieurs autres séries reprenaient des films plus ou moins anciens ayant eu une bonne renommée.

Mais là où les séries « Minority Report », « Limitless » ou encore « Ash vs Evil Dead » (toutes sorties cette même année) prennent le parti de développer une histoire se déroulant après les évènements du film (certaines se permettant même le luxe de reprendre les acteurs originaux), 12 Monkeys opte pour une réécriture de l'histoire.

Elle reprend donc les éléments important du film pour les adapter à sa façon. Premièrement, le changement de profession du docteur Railly modifie sa rencontre avec Cole, ne pouvant plus résulter de son séjour dans un asile, cette fois-ci c’est sa position en tant que vive chercheuse d’un remède qui va le permettre. En effet, les scientifiques menés par Jones recueillent toutes les données qu’ils peuvent trouver sur le virus, et tombent ainsi sur les notes du docteur dont un message vocal où cette dernière évoque le nom de Cole. Cet élément permet de réutiliser un des éléments de scénario du film où un message téléphonique est laissé sur un répondeur et qui s’avère être un message écouté dans le futur évoquant l’armée des douze singes.


 

Les premiers éléments qui pourraient gênés certains sont les libertés prises sur les personnages. Principalement Jennifer Goines et le docteur Railly. Pour ma part, lorsque j’ai débuté la série (à sa sortie en 2015) je n’avais pas revu le film depuis un moment, je n’avais donc plus tous les détails en tête ce qui ne m’a pas choqué. J'ai, depuis, eu l'occasion de le revoir, et je trouve que ces changements sont judicieusement amenés pour cette nouvelle mouture. 

L'autre changement notable est la volonté d’impliquer directement Cole dans sa quête là où dans le film il n’était qu’un prisonnier parmi tant d’autres balancé dans les limbes du temps dans l'espoir qu'il réussisse là ou d'autres ont déjà échoués. En effet, plus on avance dans le show et plus on découvre à quel point il est étroitement lié à l'épidémie qui s'est produite et qu'il essaye tant bien que mal d'empêcher. Cela amène à la notion de destin, qui est d’ailleurs clairement cité, dès le début là où le film le révélait dans la toute fin du film seulement.

 


 

A cela la série vient créer son propre lore, avec ces éléments totalement nouveaux l’ancrant encore plus dans le domaine de la science-fiction, comme le « Témoin » et les « primordiaux ». Concernant ces derniers, ils s’agissent de personnes existant depuis la nuit des temps, qui sont connectés aux temps ce qui leur donnent des visions passées et/ou futures. Et c'est là toute l'ingéniosité de la chose, car là où dans le film Brad Pitt est simplement fou dans le sens où on l'entend généralement (dialogues incohérents, idées totalement extravagantes, déconnection avec le monde qui l'entoure), ici il y a une raison toute simple à ces réactions. 

Jennifer Goines appartient à ce groupe, en effet, son esprit est perturbée par les visions qui se bousculent dans sa tête. Cela explique son côté excentrique et que ses paroles l’aient conduites à finir dans un institut psychiatrique, rajoutant alors un enjeu à son rôle dans toute cette histoire là où dans le film il n’était qu’une fausse piste reliant l'armée des douze singes à l'intrigue. Et c'est selon moi l'une des idées les plus intéressantes de cette série, son personnage, bien que souvent difficile à suivre, est l'un des mieux écrits de ce show.

 

 

L'avantage d'une série, par rapport à un film, est d'avoir le temps de bien développer son univers et celle-ci ne fait pas exception. Dans un premier temps, on a la chance d'avoir une explication plus ou moins crédible du processus de voyage dans le temps et de son fonctionnement là où le film le passait complètement sous silence et se contentait d'un "on peut le faire mais ça reste très aléatoire".

L'histoire prend aussi le temps de nous montrer presque autant de passages qui se déroulent dans le futur que dans le présent, ce qui permet aussi d'exploiter tout ce contexte post-apocalyptique. Cela rajoute différents enjeux, tout d'abord l'importance de leur mission afin d'empêcher ce futur de se produire, mais également le questionnement sur les répercussions possibles de leurs actions dans le passé. Ce qui permet d'amener un doute sur le bien fondé de cette tentative de corriger le passé, et si le remède n'est pas pire que le mal. Et surtout les voyages dans le temps ne seraient-ils pas eux-mêmes la cause de cette épidémie ? 

Passé la première saison, l'intrigue principale change alors un peu. Les personnages ne se focalisent plus sur l'éradication de l'épidémie mais sur la recherche du "Témoin", un être qui semble vivre en dehors du temps et pour qui l'épidémie ne serait qu'une des pièces de son échiquier, qu'un rouage d'un bien plus grand dessein. C'est là que la série acquiert sa véritable identité, qu'elle se démarque complètement de l'ombre du film et que toutes ses libertés prisent sur les différents protagonistes s'effacent au profit de ce récit original.

 

Concept de temporalité

 

Dans les différentes manières de représenter les voyages dans le temps il y a 2 écoles, celle où le passé peut-être modifié dans le but de changer le futur (à la manière de Retour vers le Futur) et celle où le passé est immuable (comme dans Terminator ou L'armée des douzes singes justement). 

Dans ce dernier cas, cela implique que tout élément du passé, y compris les actions des voyageurs temporels eux-même, était déjà présent initialement même si cela n'était pas explicite. A la manière de Terminator, où John Connor envoie Kyle Reese dans le passé pour protéger sa mère (car si elle meure avant sa naissance il n'existera pas) or c'est justement sans la présence de Kyle à cette époque que John n'existerait pas. Donc dans le passé de John (la première itération temporelle) Kyle était déjà là (puisque c'est son père), il n'existe donc aucune continuité dans laquelle Kyle n'est pas présent dans le passé. De plus la présence de John dans le futur est aussi l'assurance de la survie de Sarah à l'attaque du Terminator envoyé, ce qui implique que dès le départ le plan de Skynet était voué à l'échec. 

C'était cette version qui était considérée dans le film L'Armée des 12 Singes, en effet l'envoie de Cole dans le passé n'a aucun impact sur le futur puisque ses actions se sont déjà produites. La preuve en est le message vocal endommagé écouté dans le futur et qui est par la suite laissé par Caitlin alors que celle-ci est en cavale avec Cole. Il en est de même avec le cauchemar récurrent de Cole de lui enfant assistant à la mort d'un homme dans un aéroport, et qui s'avère être la scène de sa propre mort. C'était un peu la morale de ce film, bien que pour l'avoir re-visionné récemment je trouve que c'était assez mal exploité et que cela nous laissait quelque peu sur notre fin.  

 

La série en revanche exploite très bien cela, même si cela ne se décèle pas tout de suite. Au fil  des épisodes, et des aller-retour que font les personnages dans la ligne du temps, on se rend compte des petits détails et intrications des évènements les uns avec les autres. Ainsi, lors d'un voyage des protagonistes dans le passé on pourra être témoin d'une suite d'actions qui prennent part (ou ont des répercussions) avec une situation déjà vu quelques épisodes auparavant (voire même dans une saison précédente) et dans laquelle il y avait une chose mystérieuse ou un dialogue étrange qui prend enfin son sens maintenant que l'on voit l'envers du décor de ces scènes. 

Je n'avais pas vu une aussi bonne gestion du continuum espace-temps depuis Doctor Who et plus particulièrement des très bons épisodes "les Anges Pleureurs" avec le Dixième docteur ou "la Pandorica s'ouvre" (et en conséquence également "Le Colocataire" et  "Le Labyrinthe des Anges" deuxième partie) avec le Onzième docteur. C'est à tel point qu'on se demande si les scénaristes avaient déjà prévu de faire 4 saisons pour que tout réussisse à s'imbriquer à ce point ou s'ils ont juste su habilement rebondir sur les éléments d'intrigues construits au fil des saisons.

 

 

En bref, c'est une très bonne série, avec de très bons scénaristes qui savent se jouer du temps afin de surprendre le spectateur aussi bien sur le développement de l'intrigue que sur celui de ses personnage. Mon seul regret est que celle-ci ne fasse que 4 saisons (de 12 épisodes en moyenne) et que j'aurais bien continué à suivre Cole et Cassie plus longtemps, même si on a au moins l'avantage d'avoir une vrai fin ce qui est plutôt rare.

 

Rédigé par Dorkan

 

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