L'Incroyable Hulk : l'étrange cas du Dr Banner et de Mister Hulk

Créateur : Kenneth Johnson

 

Acteurs : Bill Bixby, Lou Ferrigno, Jack Colvin

 

Production : 82 épisodes (5 saisons) + 3 téléfilms reunion

 

 

 LES ORIGINES EN COMICS

 

C'est en 1962 que le personnage de l'Incroyable Hulk est présenté dans les Comic Books de la Marvel. Les premières pages de la bande dessinée originale nous présentent le frêle et effacé Docteur Robert Bruce Banner, un scientifique travaillant pour l'armée américaine. Alors qu'une bombe expérimentale Gamma est sur le point d'exploser, Banner pénètre dans un  périmètre interdit pour porter secours à un adolescent égaré : l'explosion le prend de court et se retrouve exposé à une très importante dose de radiations. Par la suite, Bruce Banner connaîtra la transformation que l'on sait : une vive douleur ou une forte émotion le fait se transformer en un colosse - d'abord gris dans cette première aventure avant de devenir vert - aux réactions primitives et destructrices. Le personnage aura par la suite un tel succès qu'il fera l'objet de nombreuses adaptations dont la série culte avec Bill Bixby et Lou Ferrigno.

 

 

 

HULK dessiné par Jack Kirby en 1962
HULK dessiné par Jack Kirby en 1962

UNE LIBRE ADAPTATION INSPIREE DU FUGITIF

 

La transposition de l'Incroyable Hulk sur le petit écran est étroitement liée au succès de "L'Homme qui valait trois milliards" et de "Super Jaimie". L'enthousiasme du public pour ces deux shows amena rapidement Universal et CBS à s'intéresser au potentiel commercial des séries fantastiques et plus particulièrement des adaptations de comics. Parmi la légion de personnage à leur disposition, les producteurs jettent leur dévolu sur le personnage de Hulk dans la mesure où sa transposition sur le petit écran s'avère réalisable compte tenu des moyens techniques de l’époque. En effet, inutile de rappeler qu’à la fin des années 1970, l’imagination des scénaristes et des producteurs de la télévision est fortement limitée par l’absence des technologies numériques actuelles. Une contrainte que seul le cinéma peut surmonter, par l’intermédiaire de moyens financiers et humains colossaux ( le « Superman » mis en scène par Richard Donner avait coûté 60 millions de dollars en 1978).

 

 

C'est Kenneth Johnson, le futur créateur de "V", qui sera chargé transposer le personnage de papier pour la télévision. Le producteur - scénariste - réalisateur impose rapidement ses conditions. Il ne souhaite pas adopter le ton « léger » des adaptations de l’époque (« Batman », « Wonder Woman »). Pour Johnson, il est même hors de question que Hulk affronte des extraterrestres ou autres super-vilains bien connus des amateurs de comic books. Il souhaite plutôt faire de Hulk un « road-movie-show », dans le style de la célèbre série « Le Fugitif » (1963-1967). Il est également beaucoup inspiré par "Les Misérables" de Victor Hugo où Jean Valjean est inlassablement poursuivit par l'inspecteur Javert. Le concept de la bande dessinée est ainsi remanié de tel façon à bâtir un programme dramatique, réaliste et humaniste basé sur la fuite d’un individu à deux facettes, sorte de Dr Jekyll et Mister Hyde mâtiné d’une pointe de la créature de Frankenstein, histoire de rendre le monstre plus sympathique.

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Une des images iconique de la série : le Dr Banner s'expose à une surdose de rayons gamma (Universal / CBS)

UNE SERIE PORTEE PAR BILL BIXBY

 

Le Docteur Banner est mis au premier plan de la série télévisée. Le timide physicien nucléaire des comics (rebaptisé David pour la télévision) devient ainsi un médecin – biologiste profondément traumatisé  par le décès de son épouse. Le protagoniste est interprété par le regretté Bill Bixby dont le nom permit à lui seul de monter le show. L’acteur a  l’avantage d’être très populaire à télévision américaine (« Mon martien favori », « The Courtship of Eddie’s father », « Le Magicien », "Le riche et le pauvre") et d’être aussi bien apprécié par les adultes que par les enfants. En outre, Bill Bixby dotera son personnage d’une sensibilité et d’un humanisme jusqu’alors jamais transposé dans la bande dessinée. Son implication dépassera sa qualité de jeu. Bixby passera à plusieurs reprises derrière la caméra ("Mort ou vif", "Le procès de l'Incroyable Hulk", "La mort de l'Incroyable Hulk").

 

A ses côtés figure le culturiste Lou Ferrigno dans le rôle de l'Incroyable Hulk. Le célèbre géant est alors sourd à plus de 80 % et doit porter une prothèse auditive. Les exploits spectaculaires de Lou seront, selon un schéma narratif bien précis, limités à deux transformations. Ce choix permet ainsi d'optimiser le budget de la série (environ 600 000 dollars par épisode en 1978) tout en trouvant un équilibre entre le jeu de Bill Bixby et les séquences d'actions portées par Lou Ferrigno.

 

 

Bill Bixby et Alan J. Levy sur le tournage de l'Incroyable Hulk (UNIVERSAL/CBS)
Bill Bixby et Alan J. Levy sur le tournage de l'Incroyable Hulk (UNIVERSAL/CBS)

Reprenant la formule d'un road movie, la série télévisée comporte peu de personnages récurrents, hormis celui du journaliste Jack Mc Gee qui poursuit inlassablement la créature. L'intrigue principale durant les 82 épisodes de la série télévisée se concentre donc sur la quête du Docteur Banner, parcourant les Etats-Unis  pour trouver un remède aux métamorphoses incontrôlables dont il est la victime. D'ailleurs, la dimension humaine de la série télévisée va astucieusement illustrer, par le biais de circonstances aussi communes que quotidiennes (une cabine téléphonique défectueuse, une panne de voiture, un embouteillage), la dualité manichéenne de l'homme et du monstre. Ces situations favorisent bien entendu l'identification des téléspectateurs aux situations stressantes vécues par les protagonistes de la série.

 LA QUALITE DES SCENARIOS 

 

Côté scénario, Johnson s'est entouré d'une équipe de scénaristes talentueuses (Jill Sherman Donner, Karen Harris) livrant des scénarios solides et adultes. La série s'oriente progressivement vers des intrigues profondément humanistes, surtout à partir de la deuxième saison. Ainsi, David Banner sera amené à aider  une jeune femme alcoolique (« Delirium »), une autre semaine un jeune handicapé mental dont Hulk deviendra l’ami (« Ricky »), la semaine suivante un enfant victime de violence parentales (« Un enfant en danger »). Ces thématiques continueront d’être abordées dans la troisième saison ("Hallucinations", "La surdouée"). A partir de sa quatrième année de diffusion, « L’Incroyable Hulk » se dirige vers un style résolument plus fantastique. Le ton est d’ailleurs donné dès l’épisode d’ouverture « Prométhée » dans lequel le Dr Banner se retrouve prisonnier d’un corps à moitié transformé, puis enfermé dans un complexe militaire, après avoir été exposé aux radiations d’un météore. Les épisodes "Expérience non concluante" ou encore "Copie conforme" suivront cette tendance. 

 

UN SUCCES TELEVISUEL

L'adaptation de Kenneth Johnson connaîtra un franc succès. Aux Etats-Unis, lors de sa première diffusion en 1978 le vendredi soir, "The Incredible Hulk" se positionnera en 32e position parmi 110 programmes, avec une audience solide de 19,4 points (classement d'audiences Nielsen). Elle surpassa la plupart des autres séries de science-fiction, confirmant son succès populaire sur CBS. Dans ce contexte, elle restera à l'antenne durant 5 ans. Le succès est d'ailleurs mondial. En France, le pilote de la série aura même les honneurs d'une sortie cinéma en juin 1979. La diffusion télévisée sera assurée par TF1 dès décembre 1980 puis par M6 (entre 1987 et 1992). 

 

La prestation de Bill Bixby et le choix de Lou Ferrigno dans la peau du célèbre géant vert sont évidemment à l'origine de cette réussite. Les séquences de transformations figurant au  milieu et vers la fin de chaque aventure pour inciter les enfants à regarder chaque épisode en entier ont également contribué à populariser le show. Bien que les scénarios de l'Incroyable Hulk soient parfois un peu répétitifs, la série télévisée constitue un excellent divertissement comportant de bons  moments de télévision, comme le téléfilm pilote, plusieurs autres épisodes en deux parties et de nombreuses épisodes portant des messages humains. 

 

De nos jours, la série continue d'être exploitée sous différents formats : rediffusion (Paramount Channel), diffusion sur les plateformes vidéos (pilote sur Netflix en 2023) et sortie blu ray (Elelphant Films).  Elle influence  aussi des adaptations modernes de comics en imposant une vision introspective et tragique du super-héros. Son héritage se trouve notamment dans le film "L'Incroyable Hulk" (2008) de Louis Letterier qui lui rend hommage à travers une structure narrative similaire, un ton plus mélancolique et plusieurs clins d'oeils directs (musiques, caméos et référence visuelles). 

 

Après cinq années de bons et loyaux services, le géant vert reviendra  pour de nouvelles aventures avec un style plus comic book dans trois téléfilms avec  en guest star Thor, Daredevil et une espionne à la Black Widow. Diffusés entre 1988 et 1990 sous la direction de BILL BIXBY, ces dernières aventures apporteront une conclusion définitive aux aventures du Dr Banner. 

Le cas étrange du Dr Banner...
Le cas étrange du Dr Banner...

Sources : 

Le magazine des séries, Thierry Le Peut 

Le Guide du téléfan - Superhéros en série  - Patrick Marcel , Philippe Paygnard & Francis Valery 

"You wouldn't like me when I'm angy" - A Hulk Companion, Patrick. A Jankiewick

The Incredible Hulk tv series page, incrediblehulktvseries.com (archive), Mark Rathwell

"L'Incroyable Hulk" - le coffret blu ray, Elephant Films

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Saison 1 - L'INCROYABLE HULK (1977-1978)
Critique de l'ensemble des épisodes de la première saison
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Saison 2 - L'INCROYABLE HULK (1978-1979)
Retour sur une saison plus humaine et psychologique.
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Saison 3 - L'INCROYABLE HULK (1979-1980)
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