Vo ou Vf, que choisir ?

A l’heure où les services de VOD et streaming (Netflix, Amazon Prime...) nous donnent aisément accès à une multitude de programmes, une question revient souvent dès qu'un nouveau film ou nouvelle série débarque sur nos écrans. Vaut-il mieux regarder cette œuvre en Version Originale ou en Version Française ?

  

Bien que pour beaucoup la question ne se pose plus et qu'il est évident que la VO (ou la Vf) s'impose d'elle-même, il est intéressant de se poser réellement la question et d'en étudier les tenants et aboutissants.

 

Pourquoi opter pour la VO ?

Tout d’abord il est à noter que dans les lignes qui suivent on parlera de VO pour les œuvres étrangères uniquement.

 

La performance scénique

L’argument principal en faveur de la Vo est bien sûr le respect du travail des acteurs et des actrices. En effet, la performance de chaque acteur se traduit par plusieurs éléments, cela passe autant par sa gestuelle, que son regard ou bien sa manière de parler. Et même si certains sont retenus davantage pour l’une ou l’autre (on peut penser notamment à Jim Carrey pour ces expressions de visages, ou Dwayne Johnson pour sa carrure imposante), c'est tout cet ensemble qui définit leur talent.

La vision du réalisateur

Lors de l’élaboration du scénario d’un film ainsi que sa mise en scène, les scénaristes et réalisateurs ont généralement une idée bien précise en tête de ce qu'il souhaite obtenir. De ce fait, le choix des acteurs est une composante importante, au même titre que les angles de caméra ou la colorimétrie, pour profiter de l’œuvre telle qu’elle a été imaginée.

 

C’est donc aussi avec la Vo que les dialogues correspondront véritablement à ce qui a été écrit dans le script. Cela implique aussi bien les tournures de phrases, que les jeux de mots et autres références que veut inclure le réalisateur dans son œuvre.

 

L’authenticité et l’immersion

Avec les plateformes de streaming nous avons accès à davantage de séries étrangères, provenant de divers pays (et non plus seulement des Etats-Unis), que ce qui était proposé à la télévision. Comme exemple il y a la célèbre « La Casa de Papel » espagnole, ou bien encore la série suédoise « Ragnarök ». Dans ces cas-là quoi de plus normal d’avoir les différents protagonistes parlant la langue locale, espagnol lorsque l’intrigue se passe à Madrid, ou Allemand dans une histoire se déroulant en Allemagne.

 

De même, bien que parlant majoritairement anglais dans les œuvres américaines, il y a beaucoup de personnages d’origines étrangères (comme Russes, ou hispaniques) qui vont être incarnés par des acteurs de cette même origine et qui vont ainsi garder leur accent. Cette origine ethnique va ressortir encore plus dans les passages où ils vont se mettre à jurer, allant même souvent jusqu'à reparler dans leur langue maternelle.

Dans le cas du film « Inglorious Bastard » par exemple, qui va mêler plusieurs langues différentes (dont du français dans les passages avec Mélanie Laurent et Chritopher Waltz entre autre), seule la Vo permettra d'en profiter pleinement puisque la Vf fera perdre une partie de cette diversité. 

 

On a aussi un mixage du son qui sera bien plus homogène, vu qu'une partie des voix sont enregistrées au moment du tournage de la scène avec tous les acteurs présents. De plus, si l’acteur bouge beaucoup lors des scènes sa variation de souffle se ressentira de manière plus naturelle dans son élocution pour cette version.


La rapidité d’accès

Bien que ce soit beaucoup moins le cas maintenant avec les différentes plateformes de streaming existante, il y a tout de même encore beaucoup de série qui ne sortent que sur des chaînes américaines. Et pour ces séries le temps d’attente avant que celles-ci ne débarquent en France peut être assez long, selon que celle-ci ait une renommée plus ou moins grande et donc que les chaînes françaises soient ou non pressées d’en acheter les droits de diffusion. Ainsi, la Vo restera pendant longtemps la seule version accessible avant que l’étape de doublage ne soit terminée. Certaines chaînes payantes (OCS, Syfy ou canal+) ont même pris le parti de les diffuser directement en Vostfr en un laps de temps très court pour permettre aux spectateurs d'en profiter rapidement en attendant que le doublage soit terminé.

 

Sachant aussi que pour des séries en cours de diffusion chez nous il est possible que la grille de programme de la chaîne évolue d’une année à l’autre. Cela peut avoir comme conséquence sur les saisons suivantes, outre changer de créneau horaire, d'aller jusqu'à changer de chaîne ou voire même ne plus être diffusées du tout. C'est ce qui est arrivé pour « Stargate SG-1 » et « Smallville » par exemple qui, initialement diffusées sur M6, sont passés sur W9 avec un rythme beaucoup plus disparate (la dernière saison de « Smallville » a été diffusée après plus d'un an et demi tandis que les 8 derniers épisodes de « Stargate SG-1 » n'ont été diffusés sur NRJ12 que 3 ans après la dernière diffusion sur M6).

 

Donc quand on est pressé de voir une nouvelle série ou alors qu’on est impatient de savoir ce qui va se passer dans la nouvelle saison à venir il est plutôt avisé de se diriger vers internet qui peut permettre d'avoir plus rapidement accès à la Vo.

 

Le perfectionnement de la langue

Il est bien connu que pour progresser dans une langue étrangère il faut la pratiquer, et lorsque l'on n'a pas l'opportunité de côtoyer des personnes avec qui échanger la Vo peut y aider. En effet, cela permet à notre cerveau de se familiariser aux différentes sonorités et à la prononciation de la langue étrangère que l’on écoute. Ainsi avec les sous-titres en français dans un premier temps on va pouvoir avoir la traduction de ce qu'on entend. Puis avec les sous-titres étrangers dans un second temps cela permet de travailler directement la compréhension oral et écrite et enfin si on se sent suffisamment à l'aise on peut même ne plus mettre aucun sous-titre et ainsi petit à petit perfectionner son apprentissage de la langue.

 

Mais attention il ne faut pas non plus tomber dans l’extrême, jusqu’à dire que c’est la Vf et le doublage qui sont responsables du pauvre niveau des français en langue étrangère (dont l’anglais). Car on peut entendre beaucoup de personnes avoir cet argument et utiliser l’exemple des pays nordiques (Suède entre autres) qui ne doublent quasi rien et qui ont un très bon niveau en anglais par rapport à nous pour étayer ce fait. Seulement d'une part, cela n’est en rien lié en réalité puisque c'est l'origine germanique commune de ces langues qui explique l'aisance à l'obtention de ce très bon niveau en langue. Il est en effet beaucoup plus facile d'apprendre une langue qui possède une racine et des sonorités similaires à notre langue maternelle (nous avons justement un niveau en Espagnol et Italien bien plus élevés que la Suède ou l'Allemagne alors que nous ne consommons pas davantage d'œuvre Espagnole ou Italienne par rapport à eux). Et surtout cela dépend bien évidemment de la manière dont ces langues sont enseignées à l'école. 

D'autres part, si le doublage était réellement la cause de ce déficit cela se vérifierait ailleurs comme en Allemagne où le doublage est encore plus important que chez nous (ils doublent absolument tout) et où pourtant il y a un très bon niveau en anglais également. Donc même si la Vo est un atout pour améliorer son apprentissage, la Vf n’en est absolument pas un frein.

La nécessité des sous-titres

Qui dit Vo implique en réalité la plupart du temps Vost (pour Version Original Sous-Titrée). En effet, à moins d’être suffisamment à l’aise avec la langue originale (voire même d’être totalement bilingue) il est rare de regarder un programme en Vo pure.

Cependant qui dit Vost ne signifie pas forcément Vostfr non plus. Bien que cela soit le choix le plus logique pour comprendre une œuvre étrangère, comme indiqué précédemment, certains peuvent vouloir profiter de ces sous-titres afin de parfaire leur apprentissage de la langue. Les sous-titres leur permettent d'avoir sous les yeux les textes des paroles qu’ils pourraient avoir plus de mal à comprendre à l’oral un peu comme pour les sous-titres pour sourd et malentendant qui sont là pour apporter la compréhension qui ne peut être obtenu à l'oral uniquement.

 

Il existe néanmoins plusieurs inconvénients aux sous-titres, le premier étant que notre regard est inconsciemment attiré par ces textes, au point même qu’en réalité il faut fournir un effort pour ne pas les lire lorsqu’ils sont présents. Il en découle donc qu’en fonction de la taille de l’écran sur lequel on visionne l’œuvre, cela peut détourner de manière plus ou moins forte l’attention du spectateur de la scène qui se joue l’écran. 

N’oublions pas non plus que nous ne sommes pas tous égaux en matière de lecture, il y a des personnes avec des problèmes de visions, d’autres ayant des problèmes de lecture et déchiffrage des mots comme la Dyslexie ou bien tout simplement certaines qui n’arrivent pas à lire suffisamment vite. La simple présence de termes quelques peu complexes (où qu’on ne connait pas) peut vous empêcher de lire avec suffisamment de fluidité et d'aisance pour pouvoir correctement suivre ce qui se passe.

 

D'ailleurs, pour que la plupart des personnes aient le temps de bien lire tout ce qui y est écrit les traductions ne sont pas toujours très juste non plus. Il va parfois y avoir des approximations car le texte original serait trop long à lire tel qu'il est récité à l'oral. Les sous-titres ont besoin d'être clair et concis afin que le message passe sans difficulté et sans que cela ne vienne ralentir le rythme des dialogues. Il est donc possible que certaines infos soient mises sciemment de côté au profit de la lisibilité ce qui peut parfois être vu comme un défaut. 

Pourquoi dans ce cas choisir la VF ?

Comme indiqué juste avant, on a pu voir que les sous-titres pouvaient empêcher de profiter pleinement d'une œuvre, mais peut-il y avoir d'autres raisons de ne pas regarder une œuvre en Vo et à lui préférer la Vf ? 

 

La simplicité d’accès de la Vf

Certains peuvent simplement vouloir profiter de la facilité d'accès que cela procure. En effet, l’un des avantages de la Vf est que cela demande moins d’effort. L’œuvre étant diffusé dans notre langue maternelle on n’a pas besoin de faire l’effort d’essayer de traduire ce qui est dit, ou bien de lire les sous-titres qui comme indiquer plus avant peuvent accaparer l’attention.

 

De plus, la télévision au sens large est un loisir qui est assez chronophage car on est tous bloqué par le temps que dure l’œuvre (même si maintenant les différentes plates-formes permettent de modifier la vitesse de la vidéo). Ainsi, parfois on peut vouloir faire d’autres activités en même temps, que ce soit faire son repassage, de la cuisine ou tout simplement profiter du dîner pour regarder un film. Dans ce cas-là on ne regardera que du coin de l'œil, la majorité de l’information sera principalement auditive vu qu’on ne pourra pas forcément correctement lire les sous-titres. Avec cette configuration il est plus simple de porter son choix sur la Vf pour être sûr de comprendre tout ce qui se dit.

 

L’adaptation pour une meilleur compréhension

Dans la même lignée, il est préférable d'avoir en main toutes les clés nécessaires afin que la compréhension de l'œuvre soit totale. Or dans beaucoup de films on peut trouver dans les dialogues des références disséminées ici et là, et bien évidemment ces références sont liées au public visé. Lorsqu'il s'agit de référence connue mondialement ce n'est pas dérangeant, mais si cela implique une personnalité ou un événement propre à la culture du pays il n’est pas forcément évident que cette référence soit connue par le spectateur étranger. C’est pourquoi l'adaptation qui est faite lors de l'élaboration de la Vf à l’avantage de modifier ces références afin que celles-ci soient compréhensibles par le plus grand nombre, là où les sous-titres vont rester plus proche du texte initial.

 

C’est un élément qui peut permettre au spectateur de bien mieux comprendre les dialogues sans pour autant requérir d'avoir une culture générale étrangère assez poussée. Par exemple, un dialogue évoquant un présentateur télé américain comme "Regis Philbin" méconnu chez nous mais extrêmement populaire outre-Atlantique ne permettra pas forcément de comprendre la référence alors qu'en remplaçant cette mention par "Jean-Pierre Foucault" cela sera tout de suite beaucoup plus évocateur pour le public français. Même si cela peut paraître étrange d'avoir un personnage américain évoqué un présentateur français, il est plus important de comprendre le message qu'a voulu faire passer le réalisateur que la petite incohérence qui peut en découler.

 

Les langues moins familières

Il a été évoqué plus haut que bien que l’anglais reste majoritaire, on peut avoir des films et séries de toutes origines. Mais autant on est assez habitué à entendre de l’anglais dans la plupart des films et séries américaines ou bien du japonais dans les films et animés japonais, autant à l’inverse d’autres langues peuvent parfois être plus perturbante à l’oreille (Suédois ou Coréen par exemple) car on n’est moins habitué à les entendre. Dans ce cas-là lors de la sortie de grand film comme « Un train pour Busan » certains peuvent alors préférer la Vf à la Vo. 

Une universalité de l'anglais peu cohérente

Il a été évoqué que la Vo permettait une meilleure immersion et authenticité. Néanmoins beaucoup de films (américains pour la plupart) se déroulent dans un cadre géographique et/ou historique particulier comme « Troy », « Gladiator », « Aladdin » ou même « Star Wars » et "Le Seigneur des Anneaux". Dans le contexte de ces films il n'est pas très logique qu'ils parlent tous anglais (ou du moins que la langue de base soit l'anglais). Mais il serait assez mal avisé de vouloir faire en sorte que tous les acteurs apprennent et récitent leur texte expressément dans la langue de la région concernée. Dans cette optique-là on pourrait alors se dire qu'il n'est pas plus étrange de regarder le film en Vf plutôt qu'en Vo. 

 

L’avantage de la Vf dans le Transmédia

Un autre point qui peut être en faveur de la Vf est la continuité vocale que l’on peut avoir dans les œuvres transmédia. Le transmédia est la mise en place d’un univers étendue d’une œuvre sous divers médias : film, série, jeux-vidéo, roman, bande-dessiné…

Or dans le cas d’un film qui se voit développée en une série d’animation par exemple, les acteurs principaux des films, qui ne sont pas spécialement familiarisés avec le doublage, laissent leur place à d’autres acteurs plus coutumiers de l’exercice. Ceci couplé avec la longévité de ces séries qui pourraient bloquer l'acteur dans ce projet pour un temps assez long et non forcément compatible avec le calendrier de tournage des films envers lesquels il serait engagé.

 

Dans le cas de la saga Star Wars par exemple, les films de la Prélogie ce sont vus approfondis dans la série « The Clone Wars ». Cependant quasi aucun des acteurs initiaux n’avait de temps pour redonner leur voix à leur personnage (excepté Anthony Daniels pour C-3PO et Ahmed Best pour Jar Jar Binks).

Ainsi ni Obi-Wan Kenobi (incarné par Ewan McGregor), ni Anakin Skywalker (incarné par Hayden Christensen)n’ont la voix qu’ils avaient sur grand écran en VO (remplacé par James Arnold Taylor et Matt Lander ) à contrario de la Vf où l’on retrouve bien respectivement à la barre Bruno Choël et Emmanuel Garijo (bien que cela n’a pas été le cas sur les saisons 5 et 6 pour cause de changement de direction artistique).

Et avec le développement de la série « The Mandalorian » on a même droit au cas inverse où là se sont des personnages issus de Clone Wars qui se sont trouvées être interprétés par de véritables acteurs à l’écran. Et ici encore, bien que pour Bo Katan c’est l’actrice Katee Sackhoff qui a repris le rôle du personnage à qui elle donnait déjà sa voix, pour Ahsoka Tano, alors que c'était Ashley Eckstein qui lui prêtait sa voix, c'est Rosario Dawson qui la remplace pour lui donner vie à l'écran. Bien que celle-ci soit très bien dans ce rôle, en Vf c’est à nouveau Olivia Luccioni qui lui prête sa voix ravissant ainsi les fans du personnage.

 

On peut également citer le cas du personnage d'Harley Queen dans les derniers films et incarné par Margot Robbie à l'écran qui est doublé en Vf par l'excellente Dorothée Pousseo. Pour le nouveau dessin animé en date basé sur le personnage, on retrouve Dorothée en Vf tandis que c'est l'actrice Kaley Cuoco qui lui donne sa voix en Vo. 


Le cas particulier des films et séries d’animation

Contrairement aux œuvres filmées avec de véritables acteurs où, comme décrit plus haut, la qualité de leur performance scénique tient autant aux gestes qu’à la parole, il peut arriver que ce soit la seule composante utilisable. C’est ce qui se passe dans les œuvres animées qui n’utilisent que la voix de l’acteur, et dans ce cas quoi de mieux que des comédiens qui en ont fait leur spécialité.

 

En effet, toute la partie visuelle étant animée (que ce soit par des modèles 3D ou du dessin plus classique), l’acteur sera uniquement choisi pour sa voix. Il faut savoir d’ailleurs que pour les œuvres d’animations américaines, les américains ne font pas de doublage eux contrairement à ce qu’on pourrait penser, ils font du Voice-acting (ou de la création de voix). C’est-à-dire qu’ils vont jouer leurs textes sans support excepté certains story-boards, et ce sont les animateurs qui par la suite ajusteront l’animation au jeu des comédiens.

Là où ils vont donc avoir tendance à faire un casting classique et choisir une voix différente pour chaque dessin animé en fonction du style de chacun, en France on s’attardera davantage sur la régularité de la voix pour obtenir un tout plus cohérent.

 

Ainsi les comédiens Mathias Kozlowski, Laëtitia Godès, Hervé Grull, Karine Foviau et Daniel Lobé qui interprètent respectivement Robin / Nightwing, Starfire, Beast Boy, Raven et Cyborg restent les mêmes dans toutes les versions animées malgré le changement de style et d’esprit flagrant de ces différentes versions. La prestation est encore plus époustouflante du fait qu’ils sont capables de moduler leur voix afin d’avoir un style très enfantin pour leurs plus jeunes représentations dans "Teen Titans" et le plus récent "Teen Titans Go !" ou une tonalité plus mature pour leurs incarnations plus âgées des films "La Ligue des Justiciers Vs Teen Titans" ou " Teen Titans : The Judas Contract".


La roulette des « Star Talent »

Il existe cependant un petit bémol dans la distribution des rôles sur les grandes œuvres d’animation qui sortent sur grand écran. En effet, à l’instar des casts originaux qui vont mettre en avant une ou plusieurs stars américaines qui prêteront leur voix aux personnages principaux, il arrive que la même chose soit faite en France. C’est-à-dire qu’au lieu de choisir le comédien qui habituellement prête sa voix à l’acteur choisi, c’est une autre star (car pas toujours comédien d’ailleurs) qui va être choisi afin que sa propre renommée serve à amener les spectateurs voir le film.

 

Et dans ce domaine, autant certains sont de bonnes trouvailles comme Alain Chabat sur « Shrek » tandis qu’on a Mike Myers en Vo, ou bien Gad Elmaleh sur Gru de « Moi, Moche et Méchant » contre Steve Carell en Vo (il est d’ailleurs intéressant de noter ici que bien que produit par des sociétés américaines le film est une réalisation française), Franck Dubosc sur Marin dans « Le Monde de Némo » ou encore Jean Reno sur « Porco Rosso ». Autant pour d’autres le résultat est bien plus décevant (Jamel Debbouze dans « Dinosaure » ou bien Malick Bentalha sur « Sonic » dernièrement).

 

Une Vf au service de l’œuvre originale

Dans de rares cas, il arrive que la Vf puisse avoir un meilleur rendu que la Vo, cela peut se jouer sur plusieurs aspects.

 

Dans le film « Braddock : Portés disparus 3 », on y retrouve Chuck Norris dont le jeu d'acteur était assez rigide (il n'articulait pas énormément) mais que Bernard Tiphaine a su rehausser de son talent de comédien, sans compter sur le ton plus rauque qu'il lui a donné rehaussant le charisme de son personnage dans le film. Notamment, la réplique « Je mets les pieds où je veux Little John, et c’est souvent dans la gueule ! » est devenue iconique grâce à cette Vf. De même, dans la scène du film "The Expendables 2" dans lequel il apparaît dans une scène qui se veut assez marquante, reprenant d’ailleurs les célèbres "Chuck Norris Fact". Sa prestation n'y a pas autant d'ampleur en Vo où sa voix vieillissante est bien plus légère par rapport au timbre que lui procure la Vf.

 

On peut citer les séries comme « Amicalement Vôtre » ainsi que « Starsky et Hutch » dont la renommé s’est faite grâce à la Vf. Ce sont les dialogues improvisés et blagues rajoutées que s’échangeaient respectivement Michel Roux et Claude Bertrand dans la première et Francis Lax et Jacques Balutin dans la seconde, qui ont permis d’ajouter cette pointe de comédie qui a grandement étoffé le côté excentrique des personnages. A cette époque, les comédiens avaient beaucoup plus de liberté que maintenant pour retravailler certaines répliques lorsqu’ils le sentaient mieux, et l’une de ces techniques consistait à rajouter quelques petits mots  dans les plan où les personnages tournaient le dos à la caméra. 

 

De même, d’autres œuvres comme les séries animées « Les Simpsons » et « South Park » sont connues pour bénéficier d’adaptations exceptionnelles (réalisé notamment par le grand William Coryn) et sont considérées comme meilleures que la version d’origine par les créateurs même de ces séries.


La fibre nostalgique

Il est toujours intéressant de découvrir une Vo après avoir regardé une œuvre exclusivement une Vf, et après ça deux options se posent, rester sur la Vo ou revenir vers la Vf Bien souvent la fibre nostalgique va orienter la préférence vers la Vf, car pour beaucoup ce sont ces voix françaises qui ont marquées les esprits et qui ont permis à de nombreuses répliques de devenir culte. En effet, même si beaucoup sont devenues connues dans leur version originale aujourd'hui grâce à internet, les quelques répliques suivantes font davantage écho dans nos souvenirs en Vf : 

« Nom de Zeus ! »

« Vous ne passerez pas ! »

« Tu vois, le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi tu creuses »

« Yippee-kay, pauvre con »

« Ha Ha, vous n'avez pas dit le mot magique ! »

« Vers l'infini et au-delà ! »

« Négatif, je suis une mite en pull-over »

« Je mets les pieds où je veux Little John et c’est souvent dans la gueule »

« Je suis trop vieux pour ces conneries »

« La loi, c’est moi ! »

« La différence entre toi et moi, c’est que moi j’ai la classe »

 

« J'en ai marre de toujours avoir raison »

 

De même, dans les Disney, connu tout autant pour leurs chansons que pour leurs histoires, la Vf a une importance toute particulière car destiné de prime abord pour les enfants. Et comment mieux retenir une chanson (ainsi que son message) et pouvoir la chanter à tue-tête (au grand dam des parents) que lorsqu’elle est dans notre langue natale.

« Il en faut peu pour être heureux »

« Sous l’océan »

« Ce rêve Bleu… »

« C’est l’histoire de la vie ! »

« De zéro en héros ! »

« Crois-en ce qui compte le plus pour toi, deux mondes, une seule famille. »

« Si tu veux être, un homme libre… »

 

« Libérée ! Délivrée ! »

Ainsi à l’instar des répliques culte, ces paroles nous ont certainement bien plus marquées parce que nous en comprenions le sens que si nous les avions entendues en Vo (même avec des sous-titres).

 

Un savoir-faire de longue date

Le doublage en France est une pratique qui a débuté avec la seconde guerre mondiale (la date exacte reste inconnue), mais c’est avec l’arrivée de la bande rythmographique (en 1949) qu’elle a atteint son plein potentiel. Là où certains choix de voix restent discutables (on peut penser au casting vocal de la série « The Big-Bang Theory » par exemple) le soin apporté à tout le processus de doublage reste connu comme étant un des plus poussé en France. Si on compare notamment avec les Allemands qui doublent beaucoup aussi mais qui ne s’attarderont pas autant à la synchronisation labiale ou à l’adaptation des dialogues.


Au final

Que vous optiez pour l’authenticité que procure la Vo, ou bien que vous préfériez la facilité d’accès et de compréhension que propose la Vf, chacun à ces avantages et ces inconvénients (il y en a certainement d'autres qui ne sont pas évoqués dans cet article), selon le type d'œuvre que l'on regarde et dans quelles conditions on le fait. On peut très bien regarder une œuvre à la fois en Vf et en Vo et en apprécier chaque version ou à l'inverse y trouver des défauts quelques soit la version choisie. 

 

Le principal reste que chacun puisse se faire son propre avis, et ce sans dénigrer les autres points de vue, après tout nous sommes justement à une époque qui nous permet d’avoir le choix alors autant en profiter.

Un dernier hommage

Pour terminer je voudrais rendre un petit hommage à tous ces grands noms du doublage qui nous ont malheureusement quittés ces 3 dernières années :

Jean Piat (1924-2018), Med Hondo (1936-2019), Pierre Hatet (1930-2019), Odile Schmitt (1960-2020), Claude Giraud (1936-2020), Patrick Poivey (1948-2020), Roger Carel (1927-2020), Jacques Frantz (1947-2021)

 

Leurs voix resteront à jamais gravées dans nos mémoires.


En bonus pour les plus Voxophiles d’entre vous, ou si vous voulez simplement découvrir un peu plus sur le monde du doublage, plusieurs chaînes YouTube peuvent vous intéresser :

MisterFox : Misterfox - YouTube

Donald Reignoux : Donald Reignoux - YouTube

Jhon Rachid : JHON RACHID - YouTube

Dorothée Pousséo : Dorothée Pousséo - YouTube

 

Entretien de Jean Dujardin avec les comédiens Richard Darbois et les regrettés Patrick Poivey et Jacques Frantz : 

Rédigé par Dorkan

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