Rencontre avec Ciné Caméléon (2023) : Interview de Fabien Condaminas

Bercé par le théâtre et passionné par le cinéma, Fabien Condaminas a créé en 2020 la webémission "le 7e Art-gument". Parallèlement à cela, il produit avec son équipe de nombreux contenus vidéos  et a à son actif la réalisation de plusieurs films amateurs "Rictus Mortel" (2013), "Halloween : la véritable histoire" (2020), "Farm Park 2"  (2021). Echange avec ce passionné basé à Nantes (44). 

 SSA - Fabien, peux-tu nous expliquer comment a été créée ta webémission "Le 7ème Art-Gument"  ? 

F.C. - J'ai commencé à produire des vidéos régulièrement avec l'émission "VHS" en 2016. On y parlait de films d'hier, de demain et d'aujourd'hui.  Nous n'étions pas obligé de suivre l'actualité : on tournait ce qu'on voulait quand on voulait.  Cela demandait cependant une organisation très précise, très millimétrée. Nous tournions dans un studio à Rezé (44) durant 5 à 6 heures à chaque fois. "Le 7ème Art-gument" a apporté plus de souplesse. Je pouvais tourner de chez moi. L'idée était de faire parler les amis, des connaissances, les gens avec qui je partage mon cinéma de tous les jours.  L'idée est d'échanger à chaud des avis sur l'actualité. Les films ont une empreinte de notre société, des côtés sociaux méritant le débat, l'échange. 

Durant les débuts de l'émission, je tournais avec le même cercle d'amis (Matthieu, Coralie, Gabriel). Depuis 2023, j'ouvre l'émission à d'autres connaissances, d'autres amis . L'émission peut autant s'écouter que se regarder. Nous produisons une vidéo une fois par mois (sans spoil et avec spoil). Nous sommes sur du 30 à 45 minutes pour un film.  Parallèlement, je produis d'autres vidéos. L'émission le "fauteuil rouge" est arrivée cette année. J'enregistre en live une fois par mois. Le lundi soir, j'invite spontanément une connaissance qui choisit la thématique qu'il va aborder. On se mélange des questions en lien avec le cinéma. Nous pouvons aborder une thématique précise, un film, un acteur. 

 

 

 

 

SSA - D'où te viens ta passion pour le cinéma ? Les séries télévisées avaient t-elles un intérêt pour toi ? 

 F.C - Mes parents nous enregistraient beaucoup de VHS pour nous occuper. J'ai créé une cinéphilie indirecte à regarder des films. J'ai découvert "Jurassic Park" (1993) vers 8-9 ans. je pense avoir été légèrement trop jeune. "Alien" (1979), vers 11 - 12 ans et un film peu trop pour adulte "Fritz The Cat" (1972). C'était une adaptation de bande dessinée. "Les Gremlins" (1984) ont également eu une influence sur moi. J'ai fait des cauchemars pendant longtemps avec le premier film.  Cette passion est véritablement née d'avoir regardé des films en vidéos avec mon frère. C'était beaucoup des films grands publics, des blockbusters, des années 1990, début 2000. J'ai commencé par la suite à aller au cinéma, seul ou accompagné. J'étais très orienté films de monstres. Je n'ai pas regardé beaucoup de séries télévisées. J'ai de vagues souvenirs de "X-Files". Mon premier coup de cœur est avec "LOST". 

 

SSA - Quels sont les films qui t'ont le plus marqué au cours de ces dernières années 

F.C. - "Jurassik Park" est mon film de chevet. C'est le film qui m'a inspiré durant mon enfance et  pré-adolescence. A mon adolescence, j'étais fan d'un film français intitulé intitulé "99 francs" qui est une critique du système capitaliste, avec un Jean Dujardin décoiffant. J'aimais également beaucoup "The Thing" (1982) de John Carpenter. Il est devenu mon film d'horreur préféré.  Un peu plus tard, j'ai découvert, l'adaptation d'un livre "Max et les Maximonstres", adapté en 2009 par un réalisateur de film indépendant. L'histoire tourne autour d'un enfant, un peu turbulant qui a du mal à avoir une enfance stable, qui se sent un peu rejeté. Après avoir fugué, il va rentrer dans un monde imaginaire, prendre une barque, traverser l'océan et arriver sur une île. Sur cette île, il existe des monstres gigantesques qui font un peu peur. Tous ces monstres sont en fait une part du caractère du petit garçon et il va devoir se les confronter. Tous les enfants sont susceptibles de se retrouver dans ce film. Mon film le plus marquant, c'est "The Revenant" (2015). J'ai été voir le film trois - quatre fois. Il est visuellement incroyable.

 

 

SSA - Quels sont tes réalisateurs fétiches ?

 

F.C. - Steven Spielberg évidemment. Je préfère cependant son cinéma fantastique à son cinéma politique ou historique par exemple. J'adore John Carpenter pour son cinéma des années 1980 ou 1990.  Tim Burton m'a également marqué par ses productions sur la même période.  Dans les découvertes plus récente, je citerais Denis Villeneuve.

J'ai également des acteurs fétiches. Jim Carrey : je l'ai découvert avec "The Mask" (1994). Leonardo Di Caprio, Tom Hanks. Robin Williams : comme Jim Carrey, c'était un clown triste. 

 

SSA - Tu as une activité de réalisateur de courts métrages. Quel est le film dont tu es le plus fie ?

F.C. - Le film dont je suis le plus fier est "Rictus Mortel" (2013), un fan film de BATMAN. J'ai fait une thèse autour du fan film pour ma fin de cycle, et j'ai un beau souvenir de ce projet. C'est au cours de ce projet où je me suis senti avec une véritable équipe technique. Il y avait autant des amis que des camarades de classe.  Nous étions une quinzaine sur le projet. 

BATMAN dans le film est à contremploi. Ce n'est pas le héros. On y casse un peu l'icône de BATMAN. J'ai essayé de faire un mini-mélo, un film noir avec des méchants torturés. Il y a du Burton dans l'idée, du film noir. Il y aussi pas mal de "BATMAN FOREVER". Je reprends de Jim Carrey quand je joue moi-même de l'Homme Mystère. 

 

 

SSA - Parlons un peu d'actualité... Ou plus précisément d'avenir. Quelle perception as-tu de l'utilisation de l'Intelligence Artificielle dans le cinéma ? 

 

F.C. - L'IA ne remplacera jamais la créativité d'un être humain.  Cela va retirer du travail à des métiers du cinéma. La question a été posée à Christopher Nolan lors de la sortie d'"Oppenheimer" (2023). J'étais assez proche de son avis. Cela peut aider à écrire, à inspirer. Mais pour moi, c'est un outil, mais ce n'est pas l'avenir du cinéma. 

L'IA peut susciter des craintes sur la reconnaissance faciale et sur la duplication faciale des acteurs. Tom Cruise par exemple ne veut en aucun cas que son image soit dupliquée numériquement. Il signe des clauses dans ses contrats à ce niveau là et pour moi, il a entièrement raison. D'ici 10 ans vu le rythme d'évolution certains acteurs auront des surprises.

 

 

SSA - Quel est ton avis sur la grève des scénaristes à Hollywood ?  

 

F.C. - La grève des scénaristes qui a commencé en mai s'est étendue aux acteurs et réalisateurs. Aux Etats-Unis, le métier de scénariste est sous payé. Parfois les scénaristes sont payés tardivement. Sur certaines, productions, ils peuvent même ne pas être payé du tout.  Quand un film ou une série marche, les acteurs ne sont pas payés pour les diffusions et rediffusions. Les acteurs demandent à bénéficier des royalties mais ne sont pas rémunérés.

Toutes les productions sont actuellement à l'arrêt, en terme d'écriture et de tournage, aussi bien les films que les séries. Je suis en accord à ce mouvement. L'IA est également au coeur du sujet, avec l'idée d'être remplacé (écriture, mise en scène, voix, etc). 

 

SSA - Par tes émissions, on peut constater que tu adores les supports physiques. Préfères-tu le DVD, le blu ray ou le 4K ? 

 

F.C. - J'aime les trois supports. Le DVD a été une révolution quand il est arrivé. La VHS a été enterrée dignement. Le blu ray a également été une révolution mais moins marquante. Il faut rappeler qu'à son arrivée sur le marché, il y avait un support concurrent : le HD DVD. Cela a été mal compris à l'époque par le grand public  Enfin, le 4K , je considère que c'est plus pour les aficionados, ceux qui sont aguéris de l'image et du son parfait. Le 4K s'adresse surtout aux collectionneurs. Au final, le blu ray a le meilleur rapport qualité-prix. 

Le DVD est le support qui founi le plus de bonus. Le 4K tend à réduire les contenus à ce niveau-là. Mais il y a des exceptions "AVATAR": On peut mentionner aussi les petits éditeurs. ESC propose par exemple de belles rééeditions de films cultes. Il y a des bonus mais également des goodies dans certaines de leurs éditions. A l'époque du DVD, il y avait beaucoup de Making Of. Désormais se sont beaucoup des objets marketing, des interviews Promo, des clips moins sincères avec le cinéphile.

 

Parmi mes plus belles pièces en steelbook, "Hurlement" (1981) de Joe DANTE, "Indiana Jones", "La forme de l'eau" (2017) ou "Bonnie and Clide" (1967). 

 

SSA - Que penses-tu des plateformes de Streaming ? 

 

F.C. - J'ai eu très peur quand elles sont arrivées. Elles ont fait beaucoup de mal au support physique. Les plateformes ont par ailleurs tué les petits films au cinéma et ont tué le courage des gens pour aller au cinéma. 

Aujoud'hui, il faut être abonné à toutes les plateformes pour voir les productions en vogue. Par ailleurs, il y a des histoires de droits, qui risquent de désapproprier des oeuvres. Certaines oeuvres ne restent pas plus de trois mois. 

Le problème des plateformes réside dans le fait que l'on perd de cette expérience immersive qu'offre le cinéma. On est dans une logique de consommation. 

 

SSA - Quels sont les projets futurs de ta chaîne YouTube, Ciné Caméléon ? 

 

F.C. - J'envisage de faire davantage de live. Pour la rentrée, je souhaiterais aborder les affiches de cinéma, les meilleurs films d'acteurs ou de réalisateurs. Les Hors Série Collection devraient être plus fréquents. Mais c'est beaucoup de préparation. Le tournage dure une journée entière. 

Côté film amateur, j'ai un projet de film "Post-Apocalyptique" depuis 2014. Il n'est pas encore fini d'être écrit par manque de temps et manque d'inspiration. Il s'intitulerait "Le Dernier jour de notre futur". J'aimerais que mon frère, qui est acteur, joue le rôle principal. 

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